Smart city, objectif 2018 (suite)

Comme un symbole, c’est à Issy-Les-Moulineaux, ville française à la pointe de l’innovation, que s’est tenue, les 20 et 21 mars dernier, la première édition de 5 plus city forum, conférences sur la ville de demain. Deux journées rythmées de débats autour de l’impact des nouvelles technologies sur nos modes de vie et l’essor de la ville dite « intelligente » (smart city) dans les 5 prochaines années. J’ai eu la chance d’y participer et vous livre une liste NON exhaustive des différentes interventions des pays étrangers : 

ETATS-UNIS

faire de la ville un laboratoire à ciel ouvert

Intervention de Victor Goldsmith
Intervention de Victor Goldsmith

Victor Goldsmith – Pace University New York

Avec la technologie moderne, on a diminué le nombre de crimes et délits à New-York. Nous avons une cartographie très ciblée de données avec des statistiques adaptées aux zones criminologiques. En intégrant toutes les données, y compris celles des attaques à mains armées, nous aurons, dans 5 ans, un système unique de données. Aux Etats-Unis, on a le taux de personnes incarcérés le plus important au monde, il fallait donc trouver une solution. On a remporté un grand succès avec des idées qui se répandent dans tous les Etats-Unis. La cartographie en temps réel permet de prédire où les délits on des chances de se produire et dans l’heure qui suit, des policiers peuvent intervenir. Exemple : on sait que dans les sorties de rames de métros, peu de délits sont enregistrés alors qu’à 100 m de la station, il y a beaucoup plus de risques. La présence policière dans les rames de métro est inutile. Tous les lundis à 11h, des policiers font une ronde sur les zones à risque établis par la cartographie, la semaine précédente. Tout ceci permet une utilisation plus intelligente des forces de l’ordre grâce à la technologie. On utilise au mieux la technologie pour simplifier la prévention des délits plutôt que de réagir a la criminalité. La police new-yorkaise travaille avec Microsoft sur ce type de procédé (domain awareness system). Si le système marche, nous pourrions le vendre et l’adapter à d’autres villes.

Carlo Ratti – Directeur du SENSEable city Lab du M.I.T de Boston

SENSEable City Lab est un laboratoire qui accompagne les changements sociaux, urbains et technologiques. La collaboration est importante. SENSEable souhaite faire de la ville de Boston un laboratoire à ciel ouvert. Michael Bloomberg, le maire de New-York, le fait d’ailleurs très bien dans sa ville. Il faut réunir des personnes d’horizons différents en développant des systèmes comme à Copenhague et utiliser l’énergie des uns et des autres. Il est intéressant d’encourager les gens à travailler en collaboration et faire émerger des initiatives. Je passe beaucoup de temps en Europe et j’observe des choses intéressantes. Malgré tout, aux Etats-Unis, plus de gens semblent s’intéresser aux initiatives comme Facebook qui naissent dans les universités. Ce ne sont pas des processus dictés par le gouvernement mais créé par le citoyen. Quand tout le monde s’implique, la réussite est plus facile à atteindre.  Je prends Singapour souvent comme exemple car c’est un véritable lieu d’expérimentation. La majorité des Singapourien s’intéresse aux nouvelles technologies et sont ouverts aux changements, ce qui facilite les choses.

Nigel Jacob – coprésident de New Urban Mechanics, Boston

L’approche collaborative nord-américaine est forte. Dans ce contexte, avec la participation de toutes ces organisations privées et publiques, les associations, on arrive à cerner rapidement les problèmes des citoyens. Il faut construire des ponts entre les gens et utiliser les villes comme laboratoires géants. Chaque citoyen à un rôle à jouer dans une smart city et nous devons chercher cela et le faire intelligemment. Ca fait maintenant une dizaine d’année que l’on essaye de faire collaborer les gens, non pas en leur parlant de science (ce qui pourrait leur faire peur ou les décourager) mais de la conception de développement de la ville avec des mots simples en incorporant dans son discours la technologie de manière transparente. Des plateformes vont être accessibles aux citoyens et leur permettront de s’informer à travers leur smartphone sur les problématiques de circulation (gèle, bouchons…). Ils pourront surtout amener leur contribution en partageant des informations utiles à d’autres citoyens.

Timothy Papandreou – député de la ville de San Francisco et directeur de l’agence municipale des transports

SFparkNous sommes des constructeurs de ponts entre les citoyens. Notre but n’est pas technique mais psychologique. Nous avons la responsabilité de toute la mobilité dans la ville. Les citoyens ont une voix très forte. Nous avons proposer aux citoyens de créer le logo de l’agence ce qui a été un franc succès.
Nous avons renforcer nos partenariats avec les start-ups qui font beaucoup d’agrégation de données. A San Francisco, le parking est un problème car il détermine la congestion du flux de circulation. Nous avons planché sur ce problème et le projet SFpark est sorti de terre : il s’agit d’un système permettant à tous usagers de vérifier si des places de stationnements / parkings sont disponibles grâce à son smartphone ou directement sur internet. Nous travaillons pour intégrer également les vélos, taxis et même le covoiturage sur la même plateforme. Nous voulons aussi proposer aux citoyens des scooters et voitures électriques dans des emplacements différents  afin de donner l’opportunité de choisir entre différents modes de transports autre que leur propre voiture. Dans la région, nous comptons 8 millions d’individus sur 3000km2. Le transport est un secteur qui doit être constamment amélioré.

BRESIL

On ne peut pas être dirigé par la technologie. C’est nous qui menons le jeu

Moaçur Duarte de Souza – Conseiller technique du centre opérationnel de la ville de Rio De Janeiro

Le problème en ce moment au Brésil est l’organisation des prochains évènements nationaux et les problèmes technologiques qui en découlent : coupe de monde de football, visite du Pape, jeux Olympiques en 2016. On parle depuis très longtemps de collaboration. Il faut regarder le passé pour inventer des choses nouvelles. Lorsqu’on est en face de la population, on se rend bien compte que tous les citoyens n’ont pas les mêmes attentes. Si on n’a pas une approche globale, il sera difficile de créer des services à la population. Mais ce n’est pas simple de convaincre les citoyens que la technologie est importante et peux améliorer leur quotidien de façon pérenne. La démarche collaborative s’est étendue de façon exponentielle ces dernières années. Les gens participent plus que jamais. Malgré tout, on ne peut pas investir dans les nouvelles technologies dans un système désorganisé. On ne peut pas être dirigé par la technologie. C’est nous qui menons le jeu et nous sommes maître de notre destin.

ESPAGNE

Les maisons font la ville mais les citoyens font la cité.

Pablo Sanchez Chillon – Avocat et organisateur urbain de l’innovation à l’International

Alicante est une petite ville et nous utilisons ses données privées. Si nous ne sommes pas prêt à fournir certaines de nos données privées, la smart city ne se fera pas. La big data va prédire les tendances urbaines. On vit seul mais ensemble, il faut passer du « zombie geeks » au « digizens » (digital citoyens). Nous avons des systèmes juridiques archaïques. Il faut combiner la réalité virtuelle et la réalité physique et faire du hacking urbain en équipant la ville d’outils technologiques. La smart city n’est pas onéreuse, il faut utiliser les outils de la communauté. Les anciennes cabines téléphoniques, par exemple, peuvent devenir des bibliothèques, ou des bornes WIFI comme à New-York. Il faut regarder ce qui se fait dans d’autres villes.

Vicente Guallart Furio – Directeur de Urban Habitat de la ville de Barcelone

Avant que le mouvement écologique eu vraiment un impact, la mise en parallèle entre la ville et l’écologie était une utopie. Maintenant, ces deux mots ne peuvent être dissociés et la protection environnementale est un vrai enjeu dans nos sociétés contemporaines. Afin de définir la ville de demain, on essaye de lancer une nouvelle science en étudiant les véritables fonctions de la ville, son métabolisme. Aujourd’hui, l’économie de l’internet est une économie des services. Aucune ville dans le monde n’est véritablement reliée, connectée. Tout est organisé en silos. Nous devons établir des normes, créer des alliances et définir ce que l’on veut acheter aux sociétés et non l’inverse.

On revient toujours aux mêmes questions : comment utiliser les données collectées intelligemment ? Comment utiliser ces nouvelles technologies pour mieux gérer nos villes ? C’est indéniable, le changement est en train de se produire. Mais il faut prendre conscience que ces changements concernent le remodelage des relations humaines plus que la technologie en elle-même.

Pilar Conesa – Directeur Anteverti & directeur du congrès Smart City World, Barcelone

Nous travaillons sur l’intelligence collective car cette valeur fait la différence entre une ville technologique et une ville intelligente. L’innovation sociale requière une participation et nous devons donner la possibilité aux citoyens d’avoir plus de prise de pouvoir et d’avoir un accès facile à ces nouvelles technologies pour créer de nouveaux développements SOLOMO (Social Local Mobile). A Nice, il y a un nouveau système de parking pour gérer les flux de circulation dans la ville et j’espère que cette solution sera appliquée dans d’autres villes. A Barcelone, nous avons lancé Quartier 22 où nous avons récupéré et valorisé des zones industrielles en implantant des sociétés qui apportent de nouveaux services. Depuis l’an 2000, nous avons installé 400 sociétés qui représentent 56 000 nouveaux emplois. Cette initiative soutien l’économie locale et nationale.

Artur Serra –  Research Manager Citilab, membre d’Open Living Labs, Deputy director de I2Cat, Barcelone

Citilab est un laboratoire digital au profit des innovations citoyennes. Il réunit les recherches, l’entreprenariat et la formation. Il s’agit de fournir une plateforme pour les citoyens afin qu’ils puissent développer leurs propres projets liés aux technologies et à Internet, plus précisément la collaboration et l’Internet audiovisuel. Le problème est l’adaptabilité des nouvelles technologies aux vieilles sociétés et aux grandes villes. Les gens sont ouverts à apprendre. Nous avons une volonté à fusionner la culture, la connaissance, la créativité et l’innovation.

Carmen Santana – spécialiste de l’écologie urbaine, agence ARCHIKUBIK, Barcelone

La ville de Barcelone est attractive en terme d’urbanisme mais comporte beaucoup de problématique urbaine que l’on n’a pas résolu. La technologie marque le monde sociétaire. Les réseaux sociaux permettent de nous informer, de nous organiser, indépendamment du gouvernement. Les villes sont fait par les promoteurs, il faut travailler sur les espaces privés partagés (espace d’effleurement) et donner la possibilité d’échanger en apportant le naturel comme structurant du territoire. Il faut apprendre à désapprendre, être capable de se remettre en question pour reformater cette ville. Il faut travailler ensemble pour mettre en place une smart city et ça commence par un sous-sol intelligent.

JAPON

La puissance du citoyen est en marche.

Naoki Mimuro – représentatif de la ville de Yokohama en Europe

Au Japon, on est sensible aux projets de smart city. Ca nous a particulièrement intéressé depuis mars 2011 et le tremblement de terre au Nord du Japon qui nous a causé d’énormes problèmes en terme de coupures d’énergie. Les réseaux sociaux sont beaucoup utilisés par les japonais. Des communautés entières se mobilisent au profit des innovations technologiques. 80% des citoyens au japon s’impliquent dans les réseaux connectés. 1500 foyers participent déjà, à titre d’exemple, à l’utilisation de système de gestion de l’énergie. La puissance du citoyen est en marche. A l’opposé, le gouvernement est en retard et peine à s’investirent dans des initiatives nationales.

PAYS-BAS

L’intégration et l’inclusion sont la prochaine étape pour la smart city

google+-hangout-amsterdam
Google+ hangout avec Ger Baron

Ger baron – membre fondateur de connected village foundation de la ville d’Amsterdam

Amsterdam est une ville durable, relativement petite comme capitale et célèbre, entre autre, par ces nombreux canaux traversant la cité. Dans les dernières années, les constructions ont été fait un peu à l’emporte-pièces. Toute la richesse d’Amsterdam est née au 17ème siècle. Depuis 5 ans, on essaye de gagner en qualité de vie et de donner le pouvoir aux citoyens. On a mis en place, depuis aujourd’hui, 35 projets qui ont, pour la plupart, été couronné de succès.  Il s’agit de solution de mobilité. 60% des habitants d’Amsterdam refusent de circuler en voiture dans la ville. Il faut ouvrir l’accès aux données. Les sociétés sont participatives et les citoyens prennent le pouvoir et sont au courant de tout. Nous ne sommes plus à l’âge de l’expérience mais à l’âge de la mise en oeuvre. L’intégration et l’inclusion sont la prochaine étape pour la smart city et nous sommes sur la bonne voie.

CHINE

Un échange de connaissances et de savoir-faire est très important pour construire la ville de demain.

Jan Hun – conseiller en charge de la science et de la technologie, ambassade de Chine en France

125 milliards d’euros d’investissements sont prévus pour créer 154 smart cities sur le territoire chinois. Au niveau provincial, le concept de smart city n’est pas très clair pour les citoyens et les élus. En janvier 2013 s’est tenue une conférence sur la smart city à Pékin pour définir un plan et des critères qui réglementeront la smart city en chine. Le principal enjeu pour nous est de rendre la ville plus propre, plus humaine et plus efficace. La pollution est un grave problème en Chine. On ne peut malheureusement pas résoudre ce problème du jour au lendemain. Un échange de connaissances et de savoir-faire est très important pour construire la ville de demain. Nous sommes ouvert à toutes les nouvelles idées.

INDE

Accords internationaux pour développer la smart city.

Intervention de Anshuman Gaur
Intervention de Anshuman Gaur

Anshuman Gaur – premier secrétaire des affaires économiques, ambassade d’Inde en France

L’Inde connait une grande croissance. La smart city implique de gros investissements. Nous nous concentrons surtout sur les problématiques suivantes : génération de courant de manière durable. Tablette avec carte téléphonique qui couteront peu cher. Concept de train plus rapide. Une transition de masse sera faite pour passer d’un paysage rural à un paysage urbain. De nouvelles constitutions et de nouvelles lois encourageront les structures et les gouvernements locaux aux villes intelligentes. Le concept de smart city est axé sur le secteur privé. En Inde, on a des concepts venants de différents pays comme la France. Nous avons des accords internationaux pour développer les villes intelligentes.

FINLANDE

Nous sommes attentif à l’épanouissement des minorités.

Taina Tukiainen – Directrice de National DigiBusiness Cluster, Finlande

L’aménagement public est très important en Finlande. Nous avons conçu une cartographie de la ville afin d’établir des solutions de confort pour les malvoyants. Nous sommes attentif à l’épanouissement des minorités. Nous sommes habitués à parler aux citoyens qui nous exposent leurs problèmes. Par exemple, en période de forte chute de neige comme nous l’avons vécu ces dernières semaines, il y a des milliers d’appels que nous traitons rapidement. La collaboration est la clé. Nous incluons les citoyens au coeur des innovations technologiques depuis déjà longtemps. Ca va se poursuivre avec les médias sociaux. En Finlande, nous voulons qu’Helsinki soit un hub au niveau transport avec l’est et l’ouest (comme Paris, Pékin, Tokyo).

COREE

les nouvelles technologies vont faciliter l’accès à la culture.

Dae-Young KIM – directeur de la zone eCulture de l’APAN (Asia Pacific Advanced Network)

Nous observons les données sur la consommation mobile : dans les hôtels, nous faisons par exemple de l’agrégation de données utiles en fournissant un Ipad aux clients pour observer leur comportement (ouvrir les portes, allumer la lumière….). Les Coréens ne lisent pas beaucoup mais regardent beaucoup la TV. Dans les trains, les passagers regardent tous la TV par l’intermédiaire de leur smartphone/tablette. Il n’y a pas beaucoup de services de divertissement dans les villes mais internet est très utilisé car c’est une structure peu onéreuse et permet de regarder des spectacles à prix réduits. En dehors de Seoul, vous pouvez aussi avoir de petits spectacles retransmis sur internet. Internet permet cette approche interactive avec une bonne qualité d’image et de son. A l’international, nous avons des liaisons existantes avec les Etats-Unis pour diffuser à travers Internet un opéra coréen à New York. En Asie, il y a 3 mois, nous avons organisé un partage visuel pour les touristes, en rapport avec l’histoire. Les coréens sont de grands consommateurs de cultures et les nouvelles technologies vont faciliter l’accès à cette dernière.

Je finirai sur une phrase d’une des slides de Pablo Sanchez Chillon qui résume parfaitement la problématique de la smart city :

BRIDGING THE DIGITAL & PHYSICAL WORLDS

digital&physical-worlds

Pour lire les interventions FRANCE, cliquez ICI

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